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une grande leçon au souverain, une grande consolation au peuple.

Mais il est plus facile d’introduire un ressort de Bréguet dans une montre du temps d’Henri IV que de faire entrer une réforme dans la vieille machine pontificale. La lettre du 18 août fut accueillie par les amis du pape comme une « insulte au bon droit, au bon sens, à la justice, à la majesté[1]. » Pie IX s’en offensa ; les cardinaux en firent des gorges chaudes. Cette volonté, cette sagesse et cette justice d’un homme qui les tenait tous dans sa main, leur parut comique au suprême degré. Ils en rient encore. Ne prononcez pas devant eux le nom de M. Edgar Ney ; vous les feriez pouffer !

L’empereur d’Autriche n’a pas eu l’indiscrétion d’écrire une lettre du 18 août. C’est que la politique autrichienne en Italie diffère sensiblement de la nôtre.

La France est un corps bien solide, bien compacte, bien résistant, bien uni, qui ne craint pas d’être entamé, qui n’a pas besoin d’entamer les autres. Ses frontières politiques sont à peu près ses limites naturelles ; elle n’a rien à conquérir aux environs, ou du moins fort peu de chose. Elle peut donc intervenir dans les événements de l’Europe pour des intérêts purement moraux, sans qu’on lui prête des vues de conquête. Quelques-uns de ses chefs se sont laissé entraîner un peu loin par l’esprit d’aventures ; la nation n’a jamais eu ce

  1. Louis Veuillot, article du 10 septembre 1849.