Page:About - La Question romaine.djvu/196

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Du jour où le pape a daigné rentrer chez lui, l’armée française s’efface : elle se hâte de remettre tous les pouvoirs au gouvernement pontifical. L’Autriche n’a rendu que ce qu’elle ne pouvait garder. C’est encore elle qui se charge de réprimer les délits politiques : elle se sent personnellement lésée si l’on tire un pétard, si l’on cache un fusil : elle se croit en Lombardie.

À Rome, les Français se mettent à la disposition du pape pour tous les services d’ordre et de sécurité publique. Nos soldats ont le cœur trop honnête pour laisser courir l’assassin ou le voleur qui passe à leur portée. Les Autrichiens prétendent qu’ils ne sont pas des gendarmes pour arrêter les malfaiteurs ; chaque soldat se regarde comme un agent des vieux diplomates, chargé d’une fonction politique et non autre : les affaires de police ne le regardent pas. Qu’arrive-t-il ? L’armée autrichienne, qui a désarmé soigneusement tous les citoyens, les livre sans défense aux malfaiteurs. On m’a montré à Bologne M. Vincent Bedini, négociant, qui fut dévalisé dans son magasin à six heures du soir ; une sentinelle autrichienne montait la garde à sa porte ! L’Autriche a raison de protéger le désordre dans les provinces qu’elle occupe : plus les crimes seront fréquents et la population ingouvernable, plus la présence d’une armée autrichienne sera nécessaire. Chaque meurtre, chaque vol, chaque escalade, chaque mauvais coup enracine les vieux diplomates dans le royaume du pape.