Page:About - La Question romaine.djvu/195

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driatique. Vainqueurs, nous avions des raisons d’humanité pour traiter délicatement nos vaincus ; l’Autriche avait des raisons de conquête pour brutaliser les siens. Le beau pays des Légations et des Marches lui apparaissait comme une nouvelle Lombardie, bonne à garder.

Nous occupions Rome et le port de Civita-Vecchia, les Autrichiens prenaient pour eux tout le versant de l’Adriatique. Nous campions dans les casernes que la municipalité avait bien voulu nous prêter ; les Autrichiens construisaient de véritables forteresses à leur usage, avec l’argent des opprimés. Notre logement coûtait peu de chose aux Romains ; les Autrichiens vivaient sur le peuple. Pendant six ou sept ans, toutes les dépenses de leur armée furent à la charge du pays. Ils envoyaient des régiments tout nus, et quand la pauvre Italie les avait habillés, ils en renvoyaient d’autres.

Leur armée était vue d’assez mauvais œil, la nôtre aussi ; le parti radical ne leur voulait aucun bien, non plus qu’à nous. On leur tua, comme à nous, quelques soldats isolés : l’armée française se défendit avec courtoisie, l’armée autrichienne se vengea. Nous avons fusillé deux assassins en trois ans, du 1er janvier 1850 au 1er janvier 1853 ; l’Autriche a la main beaucoup plus lourde : elle tua non-seulement les criminels, mais les étourdis et même quelques innocents. Je vous ai cité des chiffres épouvantables, dispensez-moi de les répéter.