Page:About - La Question romaine.djvu/204

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nage fabuleux destiné escorter les processions et à tirer le canon au feu d’artifice ; ce rentier en uniforme, qui montait la garde avec un parapluie, lorsque le temps menaçait un peu. L’armée du saint-père ferait bonne figure dans tous les pays du monde ; et il y a tel de vos soldats que je prendrais pour un des nôtres, à ne le point regarder de trop près.

— Oui, l’apparence est bonne et je m’en contenterais, si l’on pouvait tenir les factions en bride avec de simples apparences. Mais je sais bien des choses inquiétantes, quoique je ne sache pas tout. Je sais que le recrutement des soldats et même des officiers est difficile ; que les jeunes gens de bonne famille dédaignent de commander dans l’armée, et que les garçons de charrue dédaignent d’y servir ; je sais que plus d’une mère aimerait mieux voir son fils au bagne qu’au régiment. Je sais que nos soldats, ramassés pour la plupart dans la lie du peuple, n’ont ni confiance dans leurs camarades, ni respect pour leurs officiers, ni vénération pour le drapeau. C’est en vain qu’on chercherait en eux le dévouement au pays, la fidélité au souverain, et toutes ces belles vertus guerrières qui font qu’un homme meurt à son poste. Les lois du devoir et de l’honneur sont lettre morte pour le plus grand nombre ; je sais que les propriétés particulières ne sont pas toujours respectées par le gendarme. Je sais que les factions comptent au moins autant que nous sur l’appui de l’armée. À quoi nous sert d’avoir 14 000 ou 15 000 hommes sur pied et de dépenser 10 millions tous les ans, si