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Page:About - La Question romaine.djvu/206

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— Pour donner des chefs à nos soldats, sans toutefois créer des personnages, nous avons pris trois colonels, étrangers tous les trois, et nous leur permettons de remplir les fonctions de général. Ils en ont même le déguisement, mais jamais ils n’auront l’audace d’en prendre le nom.

— C’est parfait. Eh bien ! chez nous, un gamin de dix-huit ans ne s’engagerait pas dans l’armée, si on lui disait : « Tu deviendras colonel, mais tu ne seras jamais général. » Ou même : « Tu deviendras général, mais tu ne seras jamais maréchal de France. » Pourquoi se jetterait-on dans une carrière qui est une impasse ?

« Vous regrettez que tous vos officiers ne soient pas des savants ; j’admire qu’ils soient arrivés à savoir quelque chose. Ils entrent à l’école sans concours, sans examen, quelquefois sans orthographe et sans arithmétique. La première inspection de nos généraux, découvre de futurs lieutenants qui ne savent pas faire une division ; un cours de langue française sans maître et sans élèves, un cours d’histoire où après sept mois d’enseignement le professeur est encore à discourir théologiquement sur la création du monde ! Il faut que l’émulation soit bien forte pour que ces jeunes gens se rendent capables de soutenir une conversation avec des officiers français. Vous vous étonnez qu’ils laissent un peu de relâchement s’introduire dans la discipline ; mais la discipline est la chose qu’on leur a le moins enseignée. Sous le pape Grégoire XVI, un officier barra le chemin à la voiture d’un cardinal : c’était la con-