Page:About - La Question romaine.djvu/207

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signe. Le cocher passa outre, et l’officier fut mis au fort Saint-Ange pour avoir fait son devoir. Il ne faut pas deux exemples comme celui-là pour démoraliser une armée : un seul suffit. Mais le roi de Naples, lui-même, en remontrerait aux papes sur ce chapitre. Il a mis à l’ordre du jour un simple factionnaire qui avait écharpé le cocher d’un évêque !

« Vous vous scandalisez qu’un certain nombre d’administrateurs militaires écornent le morceau de pain du soldat ; mais on ne leur a jamais dit que s’ils faisaient mal ils seraient renvoyés.

— Le plan des réformes s’élabore activement, et vous verrez du nouveau en 1859.

— Tant mieux, monseigneur, et je me fais garant qu’un remaniement sage, mesuré, lentement progressif, comme tout ce qui se fait à Rome, produira en quelques années des résultats admirables. Ce n’est pas du jour au lendemain qu’on peut changer la face des choses ; mais le cultivateur se décourage-t-il de planter des arbres, parce qu’ils ne portent fruit qu’au bout de cinq ans ? Le moral du soldat est mauvais, comme vous le disiez tout à l’heure : j’entends répéter tous les jours et partout qu’un honnête paysan croirait se déshonorer en portant l’uniforme. Vous ne serez plus réduit à chercher vos recrues dans la lie de la société, quand vous leur ferez entrevoir un avenir. Le soldat prendra quelque sentiment de sa dignité, lorsqu’on n’affichera plus pour lui un dédain qui l’écrase. Ces malheureux sont traités de haut en bas par tout le