vous les entourez, qu’ils ne sont pas des valets et qu’ils ne doivent pas en avoir l’âme. Faites-leur une place dans l’État ; jetez sur leur uniforme un peu de ce prestige qui est le privilège exclusif de la robe.
— Que demandez-vous là ?
— Rien que de nécessaire. Songez, s’il vous plaît, monseigneur, que cette armée, faite pour agir à l’intérieur des États pontificaux, vous servira moins souvent par la force de ses armes que par l’autorité morale de sa présence. Et quelle autorité pourra-t-elle avoir aux yeux des sujets, si le gouvernement affecte de la mépriser ?
— Mais, supposé qu’on lui accordât tout l’argent et tous les honneurs que vous réclamez pour elle, elle resterait encore sous le coup de cette observation du président de Brosses : « Qu’est-ce que des guerriers qui n’ont de leur vie guerroyé ? »
— J’en conviens. L’estime que tous les Français accordent au soldat prend sa source dans l’idée des dangers qu’il a courus ou qu’il peut courir. Nous voyons en lui un homme qui a fait d’avance le sacrifice de sa vie, en s’engageant à verser tout son sang au premier signe de ses chefs. Si les petits enfants de notre pays saluent avec respect le drapeau, ce clocher du régiment, c’est parce qu’ils songent à tous les gens de cœur qui sont tombés autour de lui.
— Faudra-t-il donc que nous envoyions nos soldats à la guerre avant de les faire servir à la police de la paix ?