Page:About - La Question romaine.djvu/236

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dans la vallée de Ceprano, sur les collines qui s’étendent autour des Castelli de Rome. Ils y respireraient un air aussi inoffensif que dans leurs montagnes, où la fièvre ne les épargne pas toujours. Bientôt le système colonial, marchant à petits pas et gagnant de proche en proche, réaliserait le rêve de Pie VII et chasserait devant lui la misère et l’épidémie.

Je n’ose pas espérer qu’un tel miracle soit jamais l’œuvre d’un pape. La résistance est trop forte et le pouvoir trop mou. Mais si le ciel, qui a donné aux Romains dix siècles de gouvernement clérical, leur accordait par compensation dix bonnes années d’administration laïque, on verrait peut-être les biens de l’Église distribués en des mains plus actives et plus habiles. On verrait le droit d’aînesse supprimé, les substitutions abolies, les grandes propriétés divisées, les possesseurs réduits par la force des choses à cultiver leur bien. Une bonne loi sur les exportations, fidèlement observée, permettrait aux spéculateurs de cultiver hardiment le blé. Un réseau de bonnes routes et une grande ligne de chemins de fer transporteraient les produits de l’agriculture d’un bout à l’autre du pays. Une marine nationale les ferait circuler jusqu’au bout du monde. Les travaux publics, les institutions de crédit, la gendarmerie… Mais à quoi bon m’égarer dans ces détails ? Il suffit de dire que les sujets du pape seront aussi riches et aussi heureux que pas un peuple de l’Europe dès qu’ils ne seront plus gouvernés par un pape.