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Page:About - La Question romaine.djvu/244

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millions dont l’emploi inexpliqué et inexplicable fait le plus grand honneur à la discrétion des ministres.

Depuis la restauration de Pie IX, une sorte de respect humain force le gouvernement pontifical à rendre quelques comptes. Il ne les rend pas à la nation, mais à l’Europe ; et l’Europe, qui n’est pas curieuse, se contente de peu. Le budget se publie à quelques exemplaires : n’en a pas qui veut. Le tableau des recettes et des dépenses est d’un laconisme prodigieux. J’ai sous les yeux le budget de prévision de l’année 1858. En quatre pages, dont la mieux remplie a quatorze lignes, le ministre des finances résume les recettes et les dépenses ordinaires et extraordinaires. Vous y verrez à l’article des recettes :

« Contributions directes et propriétés de l’État : 3 201 426 écus. » En bloc !

À l’article des dépenses ;

« Commerce, beaux-arts, agriculture, industrie et travaux publics : 601 764 écus. » Toujours en bloc !

Cette simplification puissante permet au ministre d’escamoter bien des choses. Si par exemple, le revenu des douanes porté au budget présente une diminution de 500 000 écus sur le total avoué par la direction des contributions indirectes, c’est que le gouvernement a eu besoin de 2 500 000 francs pour un emploi mystérieux. L’Europe n’en saura rien.

« La parole est d’argent, mais le silence est d’or. » Les ministres de finances qui se sont succédé à Rome ont tous adopté cette devise. Lors même qu’ils sont for-