Page:About - La Question romaine.djvu/36

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grêle dans les rues de Rome accusent peut-être la faiblesse de la police, mais ils ne démontrent pas la mollesse des habitants. Je lis dans une statistique officielle qu’en 1853 les tribunaux romains ont puni 609 crimes contre les propriétés et 1 344 contre les personnes. Ces chiffres n’annoncent pas un peuple sans défaut ; cependant ils prouvent un penchant médiocre pour le vol honteux et une énergie diabolique. La même année, les cours d’assises jugeaient en France 3 719 hommes accusés de vol, et 1 921 prévenus de crimes contre les personnes. C’est la proportion renversée : les voleurs sont en majorité chez nous. Et cependant nous sommes gens énergiques.

Si les Italiens le sont aussi, on n’aura pas beaucoup de peine à en faire des soldats. M. de Rayneval assure qu’ils manquent complétement de l’esprit militaire ; c’est sans doute un cardinal qui le lui a dit. Est-ce que les Piémontais de la Crimée manquaient de l’esprit militaire ?

M. de Rayneval et les cardinaux veulent bien reconnaître le courage des Piémontais, mais ils assurent que le Piémont n’est pas en Italie : ses habitants sont moitié Suisses, moitié Français. « Leur langage n’est pas italien, non plus que leurs mœurs, et la preuve, c’est qu’ils ont le véritable esprit militaire et monarchique, inconnu au reste de l’Italie. » À ce compte, il serait bien facile de démontrer que les Alsaciens et les Bretons ne sont pas Français : les uns, parce qu’ils sont les meilleurs soldats de l’Empire et qu’ils disent mein-