Page:About - La Question romaine.djvu/45

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Les plébéiens de la Ville éternelle sont de grands enfants mal élevés que l’éducation a diversement pervertis. Le gouvernement qui vit au milieu d’eux, et qui les craint, les traite doucement. Il leur demande peu d’impôts ; il leur donne des spectacles et quelquefois du pain : panem et circenses, la recette des empereurs de la décadence. Il ne leur apprend pas à lire, il ne leur défend pas de mendier. Il leur envoie des capucins à domicile : le capucin forme les enfants, donne des numéros de loterie à la femme, boit chopine avec le mari. Les plébéiens de Rome sont sûrs de ne pas mourir de faim : s’ils n’ont pas de pain à la maison, ils peuvent en prendre dans la corbeille d’un boulanger, la loi le permet. Tout ce qu’on leur demande, c’est d’être bons chrétiens, de se prosterner devant les prêtres, de s’humilier devant les grands, de s’incliner devant les riches et de ne point faire de révolutions. Ils sont punis sévèrement lorsqu’ils refusent de communier à Pâques ou qu’ils parlent des saints avec peu de respect. Le tribunal du vicariat n’entend pas raison sur ce chapitre ; mais la police est coulante sur tout le reste. On leur pardonne le crime, on les encourage dans la bassesse ; la seule chose qu’on ne leur passe jamais, c’est la revendication d’une liberté, la révolte contre un abus, l’orgueil d’être homme.

Ce qui m’étonne le plus, c’est qu’après une telle éducation ils vaillent encore quelque chose. La pire moitié du peuple est celle qui habite le quartier des Monts. Si quelque jour, en cherchant le couvent des néophytes