Page:About - La Question romaine.djvu/57

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et dans les provinces de l’Apennin. Dans la première capitale du pays, la bourgeoisie est réduite, gênée et soumise ; dans la seconde, elle est beaucoup plus nombreuse, plus riche et plus roide au pouvoir. Mais les mauvaises passions, bien plus funestes à la société que la résistance logique des partis, ont progressé en sens inverse. Elles ont peu d’empire à Bologne, où la bourgeoisie est assez forte pour les contenir ; elles triomphent à Rome, où l’on a tué la bourgeoisie. Il suit de là que Bologne est une ville d’opposition et Rome une ville de haine ; que la prochaine révolution sera modérée à Bologne et sanglante à Rome. Voilà ce que le parti clérical a gagné.

Rien n’égale le dédain avec lequel les prélats, les princes, les étrangers de condition, et même les laquais de Rome jugent la classe moyenne ou mezzo-ceto.

Le prélat a ses raisons. S’il est ministre, il voit dans ses bureaux une centaine d’employés appartenant tous à la classe moyenne. Il sait que ces hommes actifs et intelligents, mais mal rétribués, sont réduits, pour la plupart, à exercer en secret quelque métier modeste : l’un tient les écritures d’un fermier, l’autre va mettre au net le grand-livre d’un juif : à qui la faute ? Il sait que ni les devoirs accomplis, ni les longs et fidèles services, ne sont portés à l’avoir du fonctionnaire civil, et qu’après avoir mérité son avancement il doit encore le solliciter à genoux ou le faire demander par sa femme. Mais est-ce bien ce pauvre homme qu’il