Page:About - La Question romaine.djvu/63

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teur en chirurgie, employé dans un hôpital, m’a confessé qu’il n’avait jamais vu le sein d’une femme. « Nous avons, me dit-il, deux doctorats à passer ; un théorique et un pratique. Entre le premier et le second, nous nous exerçons dans les hôpitaux, comme vous voyez. Mais les prélats qui ont la haute main sur nos études ne permettent pas qu’un docteur assiste à un accouchement avant de passer son second examen et d’obtenir la pratique. Ils ont peur de nous scandaliser. Nous accouchons des poupées, et c’est ainsi que nous nous faisons la main. Dans six mois, j’aurai tous mes grades, j’exercerai la chirurgie et je ferai des accouchements tant que je voudrai, sans en avoir jamais vu. »

Les artistes romains fourniraient à la bourgeoisie un bel appoint de gloire et d’indépendance, s’ils étaient élevés autrement. La race italienne n’a pas dégénéré, quoi que puissent dire ses ennemis et ses maîtres : elle est aussi apte que jamais à réussir dans tous les arts. Les bambins à qui l’on met une brosse entre les doigts, apprennent en un rien de temps la pratique de la peinture. Un apprentissage de trois ou quatre ans les met en mesure de gagner leur vie ; le malheur est qu’ils ne vont guère plus loin. Ils ne sont pas plus pauvrement doués que les élèves de Raphaël ; je le crois, j’en suis presque sûr ; et ils arrivent au même but que les élèves de M. Galimard. Est-ce leur faute ? Non. Je n’accuse que le milieu où leur naissance les a jetés. Peut-être produiraient-ils des chefs-d’œuvre s’ils étaient à Paris. Donnez-leur des rôles, des concours, des expositions,