Page:About - La Question romaine.djvu/77

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souriaient au naufrage de leur fortune, et se vengeaient de leur intendant par un bon mot et un coup de pied. Le prince romain a des bureaux, des cartons, des employés ; il s’enferme tous les jours pour quelques heures dans sa chancellerie ; il vérifie des comptes, secoue de la poussière et donne des signatures. Mais, comme il n’est ni capable ni instruit, son zèle ne sert qu’à dégager la responsabilité des fripons qui l’entourent. On m’a cité un gentilhomme qui avait hérité d’une fortune énorme, qui s’était condamné au travail d’un employé à 1 200 francs, qui resta fidèle à son bureau jusque dans l’extrême vieillesse, et qui mourut insolvable, grâce à je ne sais quel vice d’administration.

Plaignez-les, si bon vous semble, mais ne leur jetez pas la pierre. Ils sont tels que l’éducation les a faits. Voici leurs enfants qui défilent dans le Cours entre deux jésuites. Ces bambins de six à dix ans, jolis comme des amours malgré leur habit noir et leur cravate blanche, grandiront tous uniformément à l’ombre du large chapeau de leur magister. Leur esprit est déjà comme un jardin bien ratissé, où l’on arrache soigneusement les idées. Leur cœur est purgé de toutes les passions bonnes ou mauvaises. Ils n’ont pas même de vices, les malheureux !

Lorsqu’ils auront passé les derniers examens et obtenu leurs diplômes d’ignorance, on les habillera à la mode de Londres, et on les lâchera dans les promenades publiques. Ils fatigueront le pavé du Cours, ils useront les allées du Pincio, de la villa Borghèse et de la