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droit d’aînesse est en vigueur dans le royaume du pape, comme tous les abus du bon vieux temps. On pourvoit les cadets comme on peut, on dote les filles comme on veut ; ce n’est pas l’équité des parents qui ruine les familles. On dit même que l’aîné n’est pas tenu de prendre le deuil à la mort du cadet : économie de drap noir.

Cela posé, pourquoi les princes romains ne sont-ils pas plus riches ? J’y vois deux raisons excellentes : le besoin de paraître, et la mauvaise administration.

L’ostentation, maladie romaine, veut que tout gentilhomme ait un palais à la ville et un palais à la campagne ; des carrosses, des chevaux, des laquais et des livrées. On se passe de matelas, de linge et de fauteuils, mais une galerie de tableaux est indispensable. Il n’est pas nécessaire d’avoir la poule au pot tous les dimanches, mais il faut un jardin bâti en pierre de taille, pour l’agrément des étrangers. Ces besoins factices absorbent le revenu et écornent souvent le capital.

Cependant je connais cinq ou six domaines qui suffiraient aux prodigalités d’un roi, s’ils étaient administrés à l’anglaise, ou simplement à la mode de France ; si le propriétaire agissait par ses mains et voyait par ses yeux, s’il ne laissait pas entre sa terre et lui une nuée d’intermédiaires qui s’enrichissent tous à ses dépens.

Non que les princes romains laissent aller sciemment leurs affaires à la dérive. Gardez-vous de les confondre avec ces grands seigneurs de la vieille France, qui