Page:About - Le Roi des montagnes.djvu/231

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— Moi, dit le Maltais, j’assommerais une armée de taureaux : je suis en veine ! Et dire qu’on est réduit à cacheter des lettres avec ces deux poignets-là. »

Cependant l’ennemi, revenu de sa stupeur, avait recommencé le siège. Trois ou quatre brigands avaient allongé le nez par-dessus nos remparts et aperçu le carnage. Coltzida ne savait que penser de ces trois fléaux qu’il avait vus frapper aveuglément sur ses amis et ses ennemis ; mais il conjectura que le fer ou le poison l’avait délivré du Roi des montagnes. Il ordonna de démolir prudemment nos ouvrages de défense. Nous étions hors de vue, abrités contre un mur, à dix pas de l’escalier. Le bruit des matériaux qui croulaient avertit mes amis de recharger leurs armes. Hadgi-Stavros les laissa faire. Il dit ensuite à John Harris :

« Où est Photini ?

— À mon bord.

— Vous ne lui avez pas fait de mal ?

— Est-ce que j’ai pris de vos leçons pour torturer les jeunes filles ?

— Vous avez raison, je suis un misérable vieillard ; pardonnez-moi. Promettez-moi de lui faire grâce !

— Que diable voulez-vous que je lui fasse ? Maintenant que j’ai retrouvé Hermann, je vous la rendrai quand vous voudrez.

— Sans rançon ?

— Vieille bête !

— Vous allez voir, dit le Roi, si je suis une vieille bête. »

Il passa le bras gauche autour du cou de Dimitri, il étendit sa main crispée et tremblante