Page:About - Le Roi des montagnes.djvu/232

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vers la poignée de son sabre, tira péniblement la lame hors du fourreau, et marcha vers l’escalier où les insurgés de Coltzida s’aventuraient en hésitant. Ils reculèrent à sa vue, comme si la terre se fût ouverte pour laisser passer le grand juge des enfers. Ils étaient quinze ou vingt, tous armés : aucun d’eux n’osa ni se défendre, ni s’excuser, ni fuir. Ils tremblaient sur leurs jambes devant la face terrible du Roi ressuscité. Hadgi-Stavros marcha droit à Coltzida, qui se cachait, plus pâle et plus glacé que tous les autres. Il jeta le bras en arrière par un effort impossible à mesurer, et d’un coup trancha cette tête ignoble d’épouvante. Le tremblement le reprit ensuite. Il laissa tomber son sabre le long du cadavre, et ne daigna point le ramasser.

« Marchons, dit-il, j’emporte mon fourreau. La lame n’est plus bonne à rien, ni moi non plus : j’ai fini. »

Ses anciens compagnons s’approchèrent de lui pour lui demander grâce. Quelques-uns le supplièrent de ne point les abandonner ; ils ne savaient que devenir sans lui. Il ne les honora pas d’un seul mot de réponse. Il nous pria de le conduire à Castia pour prendre des chevaux, et à Salamine pour chercher Photini.

Les brigands nous laissèrent partir sans résistance. Au bout de quelques pas, mes amis s’aperçurent que je me traînais avec peine ; Giacomo me soutint ; Harris s’informa si j’étais blessé. Le Roi me lança un regard suppliant : pauvre homme ! Je contai à mes amis que j’avais tenté une évasion périlleuse, et que mes pieds s’en étaient mal trouvés. Nous descendîmes lentement les sentiers de la montagne. Les cris des blessés et la voix des