Page:About - Le Roi des montagnes.djvu/84

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— C’était jour de marché : j’ai arrêté ceux qui revenaient.

— Combien ?

— Cent quarante-deux personnes.

— Et tu rapportes ?

— Mille six francs quarante-trois centimes.

— Sept francs par tête ! C’est peu.

— C’est beaucoup. Des paysans !

— Ils n’avaient donc pas vendu leurs denrées ?

— Les uns avaient vendu, les autres avaient acheté. »

Le Corfiote ouvrit un sac pesant qu’il portait sous le bras ; il en répandit le contenu devant les secrétaires, qui se mirent à compter la somme. La recette se composait de trente ou quarante piastres mexicaines, de quelques poignées de zwanzigs autrichiens et d’une énorme quantité de billon. Quelques papiers chiffonnés se poursuivaient au milieu de la monnaie.

« Tu n’as pas de bijoux ? demanda le Roi.

— Non.

— Il n’y avait donc pas de femmes ?

— Je n’ai rien trouvé qui valût la peine d’être rapporté.

— Qu’est-ce que je vois à ton doigt ?

— Une bague.

— En or ?

— Ou en cuivre ; je n’en sais rien.

— D’où vient-elle ?

— Je l’ai achetée il y a deux mois.

— Si tu l’avais achetée, tu saurais si elle est en cuivre ou en or. Donne-la ! »

Le Corfiote se dépouilla de mauvaise grâce. La bague fut immédiatement encaissée dans un petit coffre plein de bijoux.