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Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/109

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1 TERRAINS A VENDRE.\t'\t103 et ne porto que les favoris. Il est petit, mais bien pris dans sa petite taille. Je connais peu d’hommes qui s’habillent mieux que lui ; il a les draps les plus beaux et les habits les mieux coupés. Jamais de couleurs claires, jamais de formes excentriques, et point de bijoux, hormis sa montre, qui est de Breguet. S’il porte une canne, c’est un jonc de cent francs, avec une petite pomme d’écaille noire qui vaut cent sous. Je l’ai rencontré bien des fois, dans le temps où il était son propre valet de chambre, et je ne me souviens pas d’avoir vu sur lui un grain de poussière. Il s’est couché souvent sans dîner, mais il n’est jamais sorti sans une paire de gants. Lorsqu’il prenait ses repas dans une laiterie de la rue Piga e, il prenait ses cha¬ peaux rue Vivienne et scs chaussures chez Thonné- rieux. Dans l’atelier, il s’habille de blanc, soit en laine, soit en coutil, suivant la saison, et il ne se tache jamais , il est propre et soigné comme sa peinture. Depuis un an il s’est donné le luxe d’un nègre. C’est un jeune Abyssin de dix-huit ans, oublié à Paris par un Anglais qui revenait d’Egypte. Il n’était pas baptisé : Tom leur lui a donné le nom de Boule— de-Neige. Il lui a enseigné tous les arts libéraux qui sont a la portée des races noires : frotter le parquet, épousseter les meubles, brosser les habits, vernir la chaussure, et porter les lettres à leur adresse. Grâce aux soins qu il a pris, il est, pour dix francs par mois, l’homme le mieux servi de tout Paris