Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/150

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144\tTERRAINS A VENDRE. La signature était parafée de main de maître. Le papier était ce beau papier à la forme, papier épais, pesant, vergé ; papier seigneurial, que le gouverne¬ ment fait fabriquer tout exprès pour l’usage de ses bureaux et la correspondance de ses employés. Henri Tourneur n’entra pas dans tant de détails. Il s’habilla en un tour de main, prit sa canne et courut chez Mellina, qui le reçut à bras ouverts. Mellina est une petite femme blonde, fluette, et blanche comme une goutte de lait. Elle parle le fran¬ çais sans aucun accent, puisqu’elle doit débuter à TOpéra-Comique dans une pièce en un acte et trois tableaux, un petit chef-d’œuvre de Meyerbeer. Elle était en peignoir blanc et répétait Y allegro d’un morceau magnifique. Henri lui fit une scène à la¬ quelle elle ne comprit rien, sinon qu’on avait abusé de son nom. Elle ne connaissait ni M. de Chingru, ni M. Gaillard. Elle devinait bien qu’Henri avait rompu avec elle pour se marier, et elle avait de bonnes rai¬ sons pour s’affliger de ce mariage ; mais à aucun prix elle n’eût voulu l’entraver. L’invention des deux enfants la mit en fureur. Elle s’indigna qu’on lui eût fait jouer à son insu le rôle de la Limousine ou de la Picarde de M. de Pourceaugnac. Pour un rien elle aurait couru avec Henri chez M. Gaillard ; et le pein¬ tre eut quels j ne peine à lui faire entendre que le re¬ mède serait pire que le mai. ■ Il s’en alla droit à la rue d’Amsterdam, et trouva