162\tLE\tBUSTE. se serait ruinée vingt fois sans l’autorité de son frère. Tantôt prodigue, tantôt avare; aujourd’hui payant sans marchander, demain marchandant sans payer; allumant un billet de cent francs pour ramasser un sou, et querellant toute ia maison pour une allumette; refusant du pain à un pauvre, parce que la mendicité est interdite, et jetant un louis à un chien affamé qui cherche un os dans un tas ; pleine de respect pour son frère et guettant toutes les occasions de le faire enra¬ ger; passionnément dévouée à sa nièce, et pressée de s’en défaire par un mariage : telle était, au mois de juin 1855, la sœur de M. de Guéblan et la tante de Mlle Victorine. « On s’étonnera peut-être qu’un homme de grand sens comme M. de Guéblan ait confié son enfant à une in¬ stitutrice aussi déraisonnable. Mais le marquis a trop d’affaires pour méditer le traité de Fénelon sur VEdu¬ cation des si Iles, et d’ailleurs on doit un peu de con¬ descendance à une parente qui personnifie en elle une dizaine de millions. Enfin M. de Guéblan se persuade, à tort ou à raison, que le vrai précepteur d'une femme est son mari. Il sait que Victorine n’apprendra pas au château tout ce qu’elle devrait savoir, mais il est sûr qu’elle ne saura rien de ce qu’elle doit ignorer. Plein de cette confiance, il dort sur les deux oreilles. Le fait est que Mme Michaud n’a donné à sa nièce que des maîtres de soixante ans sonnés ; je n’excepte ' pas le maître de danse. De tous les auteurs qu’elle lui
Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/168
Apparence