LE BUSTE.\t169 quart d’heure à une vieille grille qui est probable¬ ment condamnée , et, faute de pouvoir trouver la ■■ porte, j’ai pris au plus court. Je me nomme Daniel Fert, et je viens pour le buste de Mme Michaud. » II
J’ai connu, il y a treize ou quatorze ans, un petit Espagnol que ses parents avaient envoyé à l’institu¬ tion M***. C’est la mieux disciplinée de toutes les maisons qui entourent le lycée Charlemagne. Aucun livre nouveau n’y pénètre en contrebande ; tout vo¬ lume broché en jaune est sévèrement consigné à la porte, et les élèves y lisent en récréation les tragédies de Racine les moins légères, et les oraisons funèbres de Bossuet les moins frivoles. Le jeune Madrilègne s’ennuyait comme à la tâche, et effaçait les jours un à un sur son petit calendrier. Un de nos camarades , touché de sa peine, lui demanda :\t' « Pourquoi le temps te semble-t-il si long ? Est-ce ta famille que tu regrettes, ou simplement ta patrie ? — Ni l’une ni l’autre , répondit l’enfant. J’ai com¬ mencé , dans un journal de Madrid, la lecture d’un roman admirable, et j’attends à retourner en Es¬ pagne pour lire la fin. Dans trente mois et dix-sept jours ï — Et comment est-il intitulé, ton roman espagnol ?