218\tLE\tBUSTE. d’ètre aimée, la joie s’échappait par ses yeux. Le bonheur, longtemps renfermé dans les profondeurs de son âme, montait à ses lèvres ; son amour était comme ces plantes aquatiques qui cachent leurs feuilles et leurs racines jusqu’au jour où elles vien¬ nent fleurir à la surface de l’eau. Elle écouta d’un front radieux la petite exhortation de son père, qui la priait de nommer franchement celui qu’elle préférait, « Lefébure ou Marsal ? choisis ! ajouta Mme Mi¬ chaud. — Ni l’un ni l’autre , répondit-elle. — Et pourquoi, ma nièce ? — Parce que je ne les aime pas, ma tante. — Comme tu dis cela ! Je ne te demande pas si tu es amoureuse d’un de ces messieurs ; on se marie par amitié , l’amour vient ensuite. — Je veux aimer mon mari à l’avance. — D’abord, cela n’est pas de bon ton. Je ne sais rien de choquant comme ces mariées qui raffolent de leur mari : elles ont l’air d’étre à la noce î Quand j’ai épousé M. Michaud, je le connaissais, je l’estimais, je faisais le plus grand cas de son caractère, mais j e ne l’aimais pas plus que l’empereur de la Chine. L’amour est un arbre qui croît lentement ; il n’y a que la mau¬ vaise herbe qui pousse vite. — Chère tante , est-il aussi de bon ton qu’un mari épouse une femme sans raimer ?
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