18 LES JUMEAUX DE L’HÒTEL CORNEILLE. très objets mobiliers, le tout évalué, en conscience et justice, à cinquante mille francs. « Je donne et lègue la totalité de ces biens à mes neveux et filleuls, Mathieu et Léonce Debay, enjoi¬ gnant à chacun d’eux de choisir, soit à l’amiable, soit par la voie du sort, une des deux parts ci-dessus dé¬ signées, sans recourir, sous aucun prétexte, à l’inter¬ vention des hommes de loi. « Dans le cas où je viendrais à mourir avant ma sœur Yvonne Yvon, femme Debay, et son mari mon excellent beau-frère, je confie à mes héritiers le soin de leur vieillesse, et je compte qu’ils ne les laisseront manquer de rien, suivant í’exemplc que je leur ai toujours donné. » Le partage ne fut pas long à faire, et l’on n’eut pas besoin de consulter le sort. Léonce choisit l’argent, et Mathieu prit le reste. Léonce disait : « Que voulez- vous que je fasse des bateaux du pauvre oncle? J’au¬ rais bonne grâce à draguer des huîtres ou à pêcher des sardines ! Il me faudrait vivre à Auray, et rien que d’y penser, je bâille. Vous apprendriez bientôt que je suis mort et que la nostalgie du boulevard m’a tué. Si, par bonheur ou par malheur, j’échap¬ pais à la destruction, toute cette petite fortune péri¬ rait bientôt entre mes mains. Est-ce que je sais louer une terre, affermer une pêcherie ou régler des comptes d’association avec une demi-douZaine de marins ? Je me laisserais voler jusqu’aux cendres de mon feu.
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