sonne tout à fait aimable. Elle jouissait délicieusement de cette seconde jeunesse que la nature n’accorde pas à toutes les femmes, et qui s’étend entre la quarantième et la cinquantième année. Son embonpoint un peu majestueux lui donnait l’aspect d’une fleur très-épanouie, mais personne en la voyant ne songeait à une fleur fanée. Ses petits yeux étincelaient du même feu qu’à vingt ans ; ses cheveux n’avaient pas blanchi, ses dents ne s’étaient pas allongées ; ses joues et ses mentons resplendissaient de cette fraîcheur vigoureuse, luisante et sans duvet qui distingue la seconde jeunesse de la première. Ses bras et ses épaules auraient fait envie à beaucoup de jeunes femmes. Son pied s’était un peu écrasé sous un poids de quatre-vingts kilogrammes, mais sa petite main rose et potelée brillait encore au milieu des bagues et des bracelets comme un bijou entre des bijoux.
Les dedans d’une personne si accomplie répondaient exactement aux dehors. L’esprit de Mme Benoît était aussi vif que ses yeux. Sa figure n’était pas plus épanouie que son caractère. Le rire ne tarissait jamais sur cette jolie bouche ; ces belles petites mains étaient toujours ouvertes pour donner. Son âme semblait faite de bonne humeur et de bonne volonté. À ceux qui s’émerveillaient d’une gaieté si soutenue et d’une bienveillance si universelle, Mme Benoît répondait : « Que voulez-vous ? je suis née heureuse. Mon passé ne renferme rien que d’agréable, sauf quelques heures