Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’été, elle entendait causer, tantôt chez le comte, tantôt chez la maréchale. Malheureusement il ne lui était pas permis de prendre part à la conversation. Un matin, son jardinier lui apporta un vieux cacatoès qu’il avait pris sur un arbre. Elle rougit de plaisir en reconnaissant le perroquet de la maréchale. Elle ne voulut céder à personne le plaisir de rendre ce bel oiseau à sa maîtresse, et, au risque d’avoir les mains déchiquetées à coups de bec, elle le reporta elle-même. Mais elle fut reçue par un gros intendant qui la remercia chaudement sur le pas de la porte. Quelques jours après, les enfants du comte de Preux envoyèrent dans ses plates-bandes un beau ballon tout neuf. La crainte d’être remerciée par un intendant fit qu’elle renvoya le ballon à la comtesse par un de ses domestiques, avec une lettre fort spirituelle et de la tournure la plus aristocratique. Ce fut le précepteur des enfants, un vrai cuistre, qui lui répondit. La jolie veuve (elle était alors dans le plein de sa beauté) en fut pour ses avances. Elle se disait quelquefois le soir, en rentrant chez elle : « Le sort est bien ridicule ! J’ai le droit d’entrer tant que je veux au no 57, et il ne m’est pas permis de m’introduire pour un quart d’heure au 59 ou au 55 ! » Ses seules connaissances dans le monde du faubourg étaient quelques débiteurs de son père, auxquels elle n’avait garde de demander de l’argent. En récompense de sa discrétion, ces honorables personnes la recevaient