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quelquefois le matin. À midi, elle pouvait se déshabiller : toutes ses visites étaient faites.

Le régisseur de la forge l’arracha à cette vie intolérable en la rappelant à ses affaires. En arrivant à Arlange, elle y trouva ce qu’elle avait cherché vainement dans tout Paris : la clef du faubourg Saint-Germain. Un de ses voisins de campagne hébergeait depuis trois mois M. le marquis de Kerpry, capitaine au 2e régiment de dragons. Le marquis était un homme de quarante ans, mauvais officier, bon vivant, toujours vert, assuré contre la vieillesse, et célèbre par ses dettes, ses duels et ses fredaines. Du reste, riche de sa solde, c’est-à-dire excessivement pauvre. « Je tiens mon marquisat ! » pensa la belle Éliane. Elle fit sa cour au marquis, et le marquis ne lui tint pas rigueur. Deux mois plus tard, il envoyait sa démission au ministre de la guerre et conduisait à l’église la veuve de M. Morel. Conformément à la loi, le mariage fut affiché dans la commune d’Arlange, au 10e arrondissement de Paris, et dans la dernière garnison du capitaine. L’acte de naissance du marié, rédigé sous la Terreur, ne portait que le nom vulgaire de Benoît, mais on y joignit un acte de notoriété publique attestant que de mémoire d’homme M. Benoît était connu comme marquis de Kerpry.

La nouvelle marquise commença par ouvrir ses salons au faubourg Saint-Germain du voisinage : car le faubourg s’étend jusqu’aux frontières de la France.