Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Après le café, on fit un tour de jardin : la nuit était magnifique et le ciel illuminé comme pour une fête. Mme Benoît montra au marquis les propriétés voisines.

« Ici, dit-elle, nous avons le comte de Preux le connaissez-vous ?

— Il est mon oncle à la mode de Bretagne. »

La glorieuse bourgeoise inscrivit triomphalement ce parent inespéré. « Là, poursuivit-elle, c’est la maréchale de Lens. Ce serait une rencontre curieuse qu’elle fût aussi de la famille.

— Non, madame, mais elle était la marraine d’un frère que j’ai perdu.

— Bon ! pensa Mme Benoît. Si le gros intendant est encore de ce monde, nous verrons à le faire chasser. C’est un trésor qu’un pareil gendre ! »

Si Gaston s’était avisé de dire : Sautons par-dessus le mur et allons surprendre la maréchale, il y a gros à parier que Mme Benoît aurait sauté.

Mais le baron, qui se couchait volontiers au sortir de table, sonna la retraite, et Gaston le suivit. Un bon coupé, au chiffre de Mme Benoît, les attendait à la porte.

« Mon cher enfant, dit le baron dès que la portière fut fermée, j’ai prodigieusement dîné ; et vous ? Mais on ne dîne pas à votre âge. Comment trouvez-vous votre belle-mère.

— Je la trouve à souhait ; c’est une femme vaine et