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■ 380\tLA\tMÈRE DE LA MARQUISE.

coup et ne vous servirait à rien. Je ne vous répéte¬ rai pas que j'ai contre e faubourg une vieille rancune qui me défend abso ument d'y remettre les pieds: vous croyez avoir assez de droits sur moi pour récla¬ mer l'oubli de mes répugnances et le sacrifice de mon amour-propre. Mais pouvez-vous exiger que s’expose >our vous tout l’avenir de Lucile? Je lui réserve, loin de Paris , un bonheur modeste, égal, sans éclat, sans bruit, et d’une riante uniformité. Nous avons, si Dieu nous prête vie, trente ou quarante ans à passer ensemble dans un horizon étroit, mais charmant, sans autres plaisirs que ceux que nous recevrons l’un de l’autre, sans autres événements que la naissance et le mariage de nos enfants. Un tel bonheur suffit à son ambition, elle me l’a dit. Jui m’assure que la vue d’un pays où tout est parade et vanité ne Jui tournera pas la tète ? que ses yeux, éblouis par l’éclat des lustres et des girandoles , pourront s’ac¬ coutumer à la douce lumière de la lampe qui doit éclairer tous nos soirs ? que ses oreilles, assourdies par le fracas du monde, sauront toujours entendre les voix de nos forêts et la mienne ? En ce moment, elle est encore la Lucile d’autrefois; elle s’ennuie mor¬ tellement à Paris.... — Qu’en savez-vous ? — J’en suis sûr. Mais je ne sais pas si dans six mois elle penserait comme aujourd’hui. Il ne faut qu’un bal pour changer le cœur d’une jeune femme , ■