Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/397

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LA MÈRE DE LA MARQUISE.\t391 — Oui, petite, j’irai. Mais j’ai l’esprit moins libre que vous ne croyez. Je ne vous ai pas dit tous mes chagrins. » Elle ouvrit un tiroir de sa table à ouvrage et prit un portefeuille bourré de papiers. * Vous allez apprendre bien d’autres misères !\t• — Tout beau! pensa Mme Benoît, Va pour quatre mille francs, quoique ce soit un bon prix pour un simple passe-port à l’intérieur du faubourg. Mais a vieille dame s’est mise en goût, l’appétit lui vient, et si je n’y mets le holà, elle me priera de lui acheter en passant le Louvre et les Tuileries ! » La veuve reposa sur la table les factures qu’elle avait prises, et dit d’une voix émue : « Hélas! madame, je crains bien que vous n’ayez raison, et que vos chagrins ne soient sans remède ! ■a — Mais non ! mais non ! répliqua vivement la com¬ tesse. Je suis sûre de me tirer d’embarras un jour ou l’autre. Vous m’avez rendu le courage, et je me sens toute ragaillardie. Je serai chez ma fille dans une heure ; le temps de passer une robe ! J’aurai une carte d’invitation au nom de la marquise d’Outreville. Il ne vous en faut pas deux ; vous entrerez avec votre fille : je veux éluder ce nom de Benoît qui gâterait tout. Pendant que je m’occupe de vous, allez chez vos mar¬ chands avec les factures, et terminez cette petite spé¬ culation , qui a l’air de vous sourire. Rendez-vous ici à trois heures précises, et nous échangerons nos pouvoirs comme deux ambassadeurs. »