Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/398

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392\tLA\tMÈRE\tDE LA MARQUISE.'* M. de Croix-Maugars fit la grimace en voyant en¬ trer sa belle-mère. La comtesse était si terriblement besogneuse qu'on redoutait son apparition comme l'arrivée d’une lettre de change. Mais lorsqu’on sut qu’elle ne demandait pas d’argent, on n’eut plus rien à lui refuser. Le marquis lui remit en souriant un carré de carton satiné dont il était loin de connaître la valeur; c’était la quatrième fois depuis un an qu’il lui payait ses dettes. Mme Benoît, joyeuse comme un matelot qui rentre au port, courut chez son notaire, revint chez les créan¬ ciers, et paya sans marchander. Le tapissier accom¬ modant dont la comtesse avait fait l’éloge était ce fa¬ rouche Bouniol, qui avait forcé sa porte huit jours auparavant. A trois heures, Mme de Malésy empo¬ cha les quittances, et la veuve courut a son hôtel avec la précieuse invitation. Elle ne la confia point à ses poches, elle la garda à la main, elle la contem¬ pla , elle lui sourit. « Enfin ! disait-elle, voici mes lettres de naturalisation ; je suis citoyenne du fau¬ bourg. Pourvu que d’ici à demain je ne tombe pas malade! »\t' « Elle se souvint alors que Lucile était seule depuis onze heures, et que le marquis avait eu le temps de l’entretenir en tête-à-tête. Cette idée, qui l’eût exas¬ pérée la veille, lui parut presque indifférente. Le bon¬ heur la réconciliait avec le monde entier et avec Gas¬ ton; un homme ivre n’a plus d’ennemis.