l’oncle et le neveu.\t93 cieux mains : il avait la peau sèche et le pouls si dur que la pauvre fille en fut épouvantée. Ce n’est pas ainsi qu’elle espérait le revoir. En quelques minutes» une teinte orangée se répandit autour des ailes du nez ; les nausées vinrent ensuite, et M. Auvray reconnut tous les symptômes d’une fièvre bilieuse. * Quel mal¬ heur, dit-il, que cette fièvre ne soit pas échue à son oncle; elle l’aurait guéri! » Il sonna; la servante accourut; puis Mme Auvray, que François reconnut à peine, tant il était accablé. Il fallut coucher le malade, et sans retard. Claire offrit sa chambre et son lit. C’était un charmant petit lit de pensionnaire avec des rideaux blancs; une chambre mignonne et chastement coquette, tendue- de percale rose, et fleurie de grandes bruyères dans des vases de porcelaine bleuâtre. On voyait sur la cheminée une grande coupe d’onyx : c’était le seul présent que Claire eût reçu de son amant. Si vous prenez la fièvre, ami lecteur, je vous souhaite une pareille infirmerie. Pendant qu’on donnait les premiers soins à Fran¬ çois , son oncle exaspéré s’agitait dans la chambre, arrêtant le docteur, embrassant le malade, saisissant la main de Mme Auvray, et criant à tue-tète : « Sau¬ vez-le vite, vite! Je ne veux pas qu’il meure; je mettrai opposition à sa mort, c’est mon droit : je suis son oncle et son tuteur! Si vous ne le guérissez pas, °n dira que c’est moi qui l’ai tué. Vous êtes témoins
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