Page:About - Rome contemporaine.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chisés malgré eux ; et c’est à Pie IX qu’ils doivent ce triple bienfait. Ils sont administrés par leurs notables et surveillés par leurs rabbins. Si quelqu’un d’eux manque à la loi du Sabbat, c’est sur la demande du rabbin que le cardinal-vicaire l’envoie aux galères. Dans les inondations du Tibre, la municipalité romaine leur fait porter des aliments chez eux, et elle a l’attention délicate de leur envoyer des viandes tuées suivant le rite hébraïque. N’oubliez pas que bon nombre d’entre eux sont entretenus par les propriétaires de leurs maisons. Ils payent pour tout impôt quatre cent cinquante écus de cinq francs, qui, répartis sur près de 4 500 personnes, font un peu plus de cinquante centimes par tête. La contribution n’est pas pesante ; encore refusent-ils de la fournir depuis 1848.

L’origine de cette imposition mérite d’être racontée. Il y a deux ou trois cents ans, un juif se convertit, entra au couvent des néophytes, et dans le silence de sa cellule écrivit un pamphlet contre ses coreligionnaires. Il les accusait, entre autres choses, de manger les petits enfants. Tant de zèle fut récompensé : ordre au Ghetto de payer quatre cent cinquante écus de rente à l’écrivain qui le dépeignait si bien. Le Ghetto paya, et la rente du moine entra, comme il convient dans le trésor du couvent. Mais le néophyte mourut ; il n’était pas éternel. Le couvent, qui avait joui de la rente et qui l’avait trouvée bonne, ne renonça pas à la toucher. « Est-ce notre faute, à nous, disaient les moines, si notre frère est mort ? Nous l’avons soigné de notre mieux. Cette rente était son bien et nous sommes ses héritiers. D’ailleurs les juifs ont pris l’habitude de payer quatre cent cinquante écus par an, et Rome est une ville d’habitude. » Aujourd’hui, les juifs