Page:About - Rome contemporaine.djvu/130

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— Il n’était pas si beau. D’ailleurs il avait tort ; pourquoi refuser à boire à un ami, lorsqu’il a payé pour ça ?

— Mais c’est impossible ! On ne l’a pas tué !

— Juste devant notre porte, Excellence ; au moment où il sortait.

— Mais ses amis étaient avec lui ; ils auraient empêché le crime !

— Chacun pour soi en ce bas monde.

— Comment n’avons-nous rien entendu ?

— Ça ne fait jamais plus de bruit. Le garçon est mort ; on est allé le dire au père ; il a porté le corps chez lui, et puis il est revenu s’asseoir où vous l’avez vu, dans l’espoir que l’autre repasserait par chez nous ; mais pas si bête ! Ce qui m’ennuie, c’est que l’autre gaillard avait pris mon couteau pour faire son coup.

— Mais c’est épouvantable ! Voilà comme on s’égorge dans ton quartier !

— Que voulez-vous ? Lorsqu’un ami vous fait une avanie, on ne va pas s’amuser à lui faire un procès. Un coup de couteau dans le ventre, et tout est dit. Si seulement il avait pris un autre couteau que le mien !

— Alors vous passez votre vie à assassiner vos amis ?

— On n’a pas affaire à ceux qu’on ne connaît pas. Mais vous pouvez compter que sur quatre hommes de chez nous, il y en a bien un qui a joué du couteau une fois en sa jeunesse.

— Et toi, voyons ?

— Oh ! moi, j’avais raison. Il s’était permis de crier tout haut que notre vin était drogué et que nous empoisonnions le monde. Qu’est-ce que vous auriez fait à ma place ? »