Page:About - Rome contemporaine.djvu/141

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dans une guerre vigoureuse contre les violences de ses sujets. L’éducation de la plèbe romaine est à refaire. Il faut amollir de force ces natures brutales, que la moindre contrariété entraîne aux derniers excès. Il faut leur apprendre à respecter la vie humaine comme une chose sacrée ; il faut, dans l’intérêt de leur pays et de toute l’Europe, modifier violemment leurs idées sur l’assassinat. Tant qu’il y aura dans le monde civilisé un royaume où l’on tue un homme comme on boit un verre de vin, la civilisation sera un état provisoire, sujet à toute sorte d’accidents.


Il n’y aurait pas des ruisseaux de sang à répandre pour arrêter définitivement ce jeu des couteaux. Léon XII n’a pas décimé son peuple pour guérir la plaie du brigandage : nous n’avons pas eu besoin de dépeupler la Corse pour supprimer les bandits. De même il suffirait ici de quelques coups bien frappés, et surtout frappés en temps utile. Les animaux les plus nobles ne profitent d’une correction que si elle suit immédiatement la faute ; nos terribles plébéiens de Rome sont un peu dans le même cas que les chevaux de race et les chiens d’arrêt. Si un procès criminel pouvait se mener tambour battant, si l’expiation suivait le crime à quelques jours de distance, le peuple, à qui tout est spectacle, n’assisterait pas à un mauvais exemple sans recevoir aussitôt une bonne leçon. Mais quand un coupable est exécuté dix ans après son crime (c’est une chose qui se voit), les témoins de l’exécution n’ont que de la pitié pour cette tête qui tombe. On se