Page:About - Rome contemporaine.djvu/148

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Ce n’est pas à Rome seulement, c’est à Naples, à Florence, à Venise et sur toute l’étendue de ce sol opprimé, que les Italiens jouent à la loterie. S’il n’y avait pas de bureaux à Rome, les Romains joueraient hors de chez eux, et les diligences de Sienne, de Pise, de Florence et de Naples ne seraient chargées que de billets. Or, comme il est convenu qu’à ce jeu inégal le banquier gagne toujours, la suppression des loteries pontificales enverrait à l’étranger sept ou huit millions par an. Tel est à peu près le chiffre brut des bénéfices réalisés par l’État ; mais les frais de perception nourrissent tant de petits employés que le produit net de chaque année ne dépasse pas quinze cent mille francs. La loterie est donc une très-petite ressource pour le gouvernement et une très-grande consolation pour le peuple. Nous avons bien fait de l’abolir à Paris, parce que, dans un État bien organisé, où le travail mène à tout, le gouvernement doit instruire les citoyens à ne compter que sur leur travail. On aurait tort de la supprimer dans Rome : ce peuple las et démoralisé, soutenu dans ses misères par la perspective de l’incertain, vit surtout par l’imagination et l’espérance ; lui ôter la loterie serait lui prendre le peu qui lui reste.


Il y a plus de cent vingt ans que Clément XII a introduit cet usage dans ses États, et le jeu est si bien entré dans le sang du peuple que non-seulement les plébéiens, mais les princes et même les princes de l’Église, prennent un billet de loterie comme nous prenons une tasse