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éminents qui feraient honneur à tous les barreaux de l’Europe ; mais le vulgaire des avocats est très-humble, très-timide et très-effacé. Les débats judiciaires ne sont pas publics, et l’on n’est guère tenté de se mettre en frais d’éloquence lorsqu’on plaide dans le désert. Souvent l’avocat écrit, au lieu de parler. Ses mémoires pour tel ou tel client sont tirés à quelques exemplaires. Eût-il le talent de Cicéron, sa gloire n’irait pas loin de ce train-là. Sa fortune chemine tout doucement : petits honoraires, appointements fixes payés par trois ou quatre familles riches qui prennent un homme de loi à leur service. Plusieurs princes du barreau servent de secrétaires et de conseillers aux auditeurs de rote : ils résument les questions et développent les arrêts de la cour suprême. Mais si l’auditeur de rote est promu au cardinalat, son secrétaire très-savant, son conseiller de cabinet, tombe directement sur le pavé. L’avocat Vannutelli a laissé une belle fortune, mais parce qu’il était l’homme d’affaires de la famille Bonaparte. Que nous sommes loin de la toute-puissance de la tribune antique et même de la noble et brillante indépendance du barreau français !

Ce qui m’étonne, c’est qu’il y ait quelques hommes de science et de conscience dans ce corps modeste et subalterne.


Les médecins sont aussi dépendants pour le moins. Dans une ville où les visites se payent de vingt à trente sous, un pauvre diable de docteur mourrait de faim à la journée s’il n’était pas le client de quelques grandes maisons. Il touche