Page:About - Rome contemporaine.djvu/169

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ici un écu par mois, là deux, là cinq ou six. Pour le courant des affaires, il passe tous les soirs chez le pharmacien à l’heure de l’Ave Maria. C’est au pharmacien que le malade s’adresse lorsqu’il a besoin du docteur, car le domicile du docteur est souvent inconnu. Quand vous vous promenez devant une pharmacie vers six heures du soir en hiver, vous voyez une demi-douzaine de messieurs qui se serrent autour du poêle, le chapeau sur la tête : autant de médecins qui attendent la clientèle ! En été, ils se tiennent sur le pas de la porte, comme les commissionnaires à Paris.

Il y en a beaucoup qui mériteraient de vivre autrement, et je pourrais citer ici un certain nombre de médecins romains qui ont, comme le célèbre Baroni, honoré l’Italie et éclairé l’Europe. Mais l’enseignement est si faible, si incomplet et entravé par des préjugés si ridicule, que la masse des médecins romains est en retard. Pour dix qui suivent pas à pas les progrès de la science moderne, on en compte trente qui sont encore à la thérapeutique de M. Purgon. Presque tous les malades exposés à leurs soins déjeunent d’une purgation et dînent d’une saignée. Les habitants de Rome sont les mieux purgés et les mieux saignés de tous les chrétiens. On saigne les malheureux atteints de la fièvre intermittente, jusqu’au jour où, épuisés simultanément par la maladie et par le remède, ils descendent tout pâles au tombeau.

Quelques médecins de ce pays ont encore la jactance bruyante des charlatans. Ils expliquent au malade, à haute et inintelligible voix, la cause de ses souffrances. « Pauvre créature périssable, c’est le ver qui te tourmente ; tu es