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Page:About - Rome contemporaine.djvu/17

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magnifiques, et M. Mirès peut déjà rendre des points à Didon.

La Société des ports de Marseille, fondée et baptisée par ce grand financier, a pour but l’exploitation de plusieurs hectares de terrains situés en face des nouveaux ports. Elle n’a rien de commun avec la construction des ports et les travaux du génie maritime ; elle n’ouvre pas un asile aux navires battus par le mistral ; ce ne sont pas là ses affaires. Ses relations avec les bassins qui se construisent à la Joliette, sont des relations de voisinage, et elle s’appelle Société des ports parce qu’elle demeure à côté.

Ce n’est pas à dire que la spéculation de M. Mirès et de ses actionnaires ait été inutile au peuple de Marseille. La ville avait des terrains à vendre ; terrains infects, marécageux, pourris par les déjections de la savonnerie, difficiles à bâtir, et pour comble de disgrâce, battus de tous les vents qui font rage dans le pays. Ces petits défauts sont compensés par le voisinage immédiat d’un port qui a de l’avenir ; cependant aucun des acquéreurs qui se présentèrent n’offrait plus de vingt francs du mètre. M. Mirès en donna cinquante, et les Marseillais lui tapèrent dans la main.

L’affaire est bonne dès à présent pour la ville ; elle le sera un jour pour M. Mirès. La ville empoche des millions qui ne l’embarrassent pas, car elle est endettée et entreprenante. M. Mirès rentrera dans son argent quand ses terrains seront bâtis et surtout lorsqu’ils communiqueront directement avec Marseille. La vieille ville, qui gêne tout le monde, le gêne plus particulièrement que personne. Aussi offre-t-il de déraciner la montagne au plus juste prix.