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Page:About - Rome contemporaine.djvu/182

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contrent un rapin dans la rue des Martyrs le considèrent comme un être supérieur à l’humanité ; les hommes d’un certain âge et d’une certaine fortune ne sont pas loin de voir en lui une créature dégradée par l’abus des couleurs fortes. De leur côté, nos artistes affichent presque tous un profond mépris pour la caste bourgeoise qui touche beaucoup de loyers et achète peu de tableaux. Les comédiens eux-mêmes, qui sont nourris par la bourgeoisie, ne font aucun cas de l’opinion des bourgeois. Ils n’estiment que les applaudissements d’une trentaine de personnes qui n’ont pas payé leurs places. Nos auteurs écrivent aussi pour être admirés d’un petit nombre d’individus qui n’achètent pas beaucoup de livres : on leur fait un reproche sanglant lorsqu’on les accuse de travailler pour les bourgeois. Écrivains, peintres, sculpteurs, compositeurs, chanteurs et comédiens vivent chez nous mieux ou plus mal, mais à coup sûr autrement que les bonnetiers.


On suppose généralement en France que les défauts et les qualités de nos artistes se retrouvent dans les artistes italiens, avec cette dose d’exagération que le climat comporte. De même que les plantes inodores des pays tempérés prennent un parfum violent aux approches de l’Équateur ; comme les serpents inoffensifs dans le Nord font des blessures mortelles dans le Midi, on se figure volontiers que le talent et le caractère de l’artiste s’échauffent et s’exaspèrent aux rayons d’un soleil plus ardent. Le théâtre et le roman français viennent chercher en Italie