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Page:About - Rome contemporaine.djvu/192

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main. Les Américains enrichis par le commerce ou par la banqueroute se font construire un temple grec sur la lisière d’une forêt vierge ; et pour que les dedans de la maison soient en harmonie avec les dehors, on vient à Rome en trois bateaux ; on fait une razzia, la bourse à la main, dans tous les ateliers, et l’on emporte un assortiment d’objets d’art.

J’ai eu le plaisir d’accompagner un gentleman de Cincinnati dans une de ces expéditions foudroyantes. Il était venu à Rome vers la fin du mois d’avril, et il n’y pouvait passer que trois jours. C’était peu. Cependant, il trouva le temps de voir la ville en détail, d’acheter un cent de tableaux et une demi-douzaine de statues, de poser pour un buste et pour un portrait en pied. « L’occasion est favorable, me disait-il en sortant de l’hôtel. D’après les renseignements que j’ai pris, l’étranger a peu donné cet hiver ; les magasins des artistes sont encombrés ; le tableau perd vingt-cinq pour cent sur l’année dernière ; les marbres se tiennent mieux, dit-on, et pourtant les premières marques ont fléchi de dix à quinze depuis le 1er mars. » Il dit au domestique de place qui nous conduisait : « Hop ! mon garçon ! chez le premier sculpteur de Rome ! »


Le drôle ne se le fit pas dire deux fois : il était fait à ces façons d’aller, et il savait le chemin des cinq ou six ateliers où l’on donne les meilleurs pourboires. La voiture s’arrêta devant l’enseigne d’un marbrier célèbre. Le maître ratissait négligemment une petite figure de terre en atten-