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Page:About - Rome contemporaine.djvu/199

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à Munich, à Dusseldorf, à Londres, le public est un véritable individu, un homme à mille têtes. Lorsqu’un jeune talent a frappé son attention, il le suit des yeux, l’encourage, le blâme, le pousse en avant, le ramène en arrière ; il se prend de belle amitié pour celui-ci, et se fâche tout rouge contre celui-là. Il se trompe quelquefois, il a des engouements ridicules et des retours injustes, mais il vit et vivifie ; on peut travailler pour ses beaux yeux. Si Rome a quelques hommes de talent dans les arts secondaires, c’est au public de Paris qu’elle les doit. MM. Mercuri et Calamatta sont élèves de l’école Saint-Michel, à Rome ; mais vous les verriez graver des images pour l’exportation, si Paris ne les avait adoptés.


— Maintenant, dit l’Américain, je voudrais acheter de petits souvenirs en marbre pour mettre sur les étagères avec les coquillages et les oiseaux empaillés. »

Le serviteur fidèle qui ne nous quittait non plus que notre ombre, nous conduisit chez les mosaïstes, les marbriers, les graveurs de camées, les tourneurs en pierre dure. Mon compagnon fit une ample récolte de monuments antiques, réduits à des proportions bourgeoises. Il acheta deux Colisées, un arc de Titus, une colonne Trajane, quatre obélisques et un tombeau des Scipions. « Les architectes romains sont bien heureux, me disait-il, d’avoir incessamment de si beaux modèles sous les yeux.

— En effet, lui répondis-je ; mais ils n’en profitent pas. L’architecture est un art perdu depuis cent ans. Les con-