Page:About - Rome contemporaine.djvu/24

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sais tout ce qu’on peut dire avec juste raison contre l’esprit d’aventures, mais quand je vois quel essor les Marseillais donnent à la fortune publique, avec quel élan ils se jettent dans une affaire, de quel train ils souscrivent à une entreprise dès qu’elle paraît bonne, comme leurs capitaux sont hardis, prompts à sortir et enclins à se multiplier par le mouvement, je sens comme une secrète démangeaison d’excuser ce romantisme commercial qu’ils naturalisent chez nous.

Faut-il ajouter que la grandeur des intérêts et la hardiesse des entreprises les rendent larges, hospitaliers et généreux jusqu’à la prodigalité ? Des marchands de l’école primitive (on en trouve encore quelques échantillons à Rouen, à Lyon et à Saint-Étienne) seraient étonnés de voir comme l’or glisse dans les mains d’un négociant marseillais. La pièce de vingt francs n’est pas plus timide à Marseille qu’à Paris ; elle s’y cache aussi peu ; elle y fait les mêmes culbutes. Le luxe, vice excellent, salutaire et louable entre tous lorsqu’il est soutenu par le travail, fleurit sur la Canebière aussi insolemment que sur nos boulevards. Marseille consomme plus de soieries que Lyon et plus de rubans que Saint-Étienne ; la Réserve voit sauter plus de bouchons que le Moulin-Rouge ou le Pavillon d’Armenonville ; enfin, chose incroyable à dire ! toutes les loges du grand théâtre sont louées à l’année.


J’ai passé à Marseille une semaine de huit ou dix jours. Les habitants m’ont fait les honneurs du pays et d’eux-