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Page:About - Rome contemporaine.djvu/258

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appelle à Paris un bon enfant, mais trop enfant. Hier, il était à Rignano, pour l’investiture solennelle du jeune duc. La municipalité avait préparé un feu d’artifice. Le prince de S. ne s’est-il pas avisé d’y mettre son cigare et d’allumer les fusées en plein midi ?

J’ai quelquefois rencontré au Pincio un autre prince de S., tout aussi prince que son cousin, et réduit à vivre d’une pension de quelques écus par mois. Celui-ci aurait fait un beau soldat, en pays laïque. Il se console de son inaction forcée en chassant le chevreuil et le sanglier. C’est un Nemrod résigné. Sur le Pincio, il promène philosophiquement ses chiens à l’heure où le duc Grazioli et tant d’autres boulangers parvenus promènent pompeusement leurs chevaux.


Chevaux, carrosses, laquais, livrées, armoiries, la ville de Rome en est pleine. Le plus mince curé se donne le luxe d’un blason. Personne, excepté les cochers de fiacres, n’attelle un seul cheval à la voiture. Les voitures sont hautes, larges, pompeuses ; on y monte par une échelle comme au paradis. Je me suis toujours demandé pourquoi les cardinaux et les autres grands seigneurs traînaient trois laquais, debout sur la même planche, derrière leur carrosse. Il suffirait d’un seul. Je comprends à la rigueur que les Turcs mettent quelquefois deux factionnaires dans une guérite : la faction est longue, le temps lourd ; la deuxième sentinelle peut servir à réveiller la première. Mais, trois valets de pied ballottés au petit trot derrière un