Page:About - Rome contemporaine.djvu/267

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nuptiale et forcer la main du curé. Que deux jeunes gens aient résolu de s’unir sans le consentement de leur famille, ils se rendent chez un prêtre, le surprennent au saut du lit. L’un dit à voix haute et intelligible : « Voici ma femme, » l’autre : « Voilà mon mari ; » Et si le prêtre a entendu les deux phrases, il est obligé de bénir les deux époux. Le tour est fait, le mariage demeure aussi indissoluble que si les maires des vingt arrondissements de Paris y avaient passé. L’autorité pourra sévir contre les délinquants, mettre le garçon sous clef pendant quinze jours, emprisonner la fille dans un couvent pour un mois ; mais lorsqu’ils auront payé leur dette à la justice, rien ne les empêchera plus de consommer le mariage.

Un bonhomme de curé, dans une paroisse de la banlieue de Rome, s’était laissé prendre au piège et avait marié deux enfants malgré lui. Son évêque le soupçonna de s’être laissé corrompre et le punit d’un mois de retraite. L’année suivante, ses paroissiens lui tendirent le même piège ; mais il ne s’y laissa plus attraper. On l’éveille la nuit pour porter le sacrement à un malade in extremis. Il s’habille à la hâte, allume sa lanterne et court à une maison isolée : c’était là que les amoureux l’attendaient. Mais il fut bientôt sur ses gardes, et lorsqu’il vit à quelle sorte de malades il avait affaire, il se boucha les oreilles, chanta, dansa, tourna sur lui-même, gagna la porte et prit la clef des champs, sans avoir entendu les deux phrases sacramentelles.