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peuplés d’oiseaux miraculeux, et déshonorés par des fresques de cabaret. Un seul millionnaire a eu le courage d’introduire les artistes dans son hôtel de Marseille, et sa villa de Montredon. Cet exemple sera-t-il suivi ? Je le souhaite, mais je ne l’espère point. Il n’est pas impossible que la génération nouvelle s’éprenne de curiosité pour les arts ; mais, si j’en crois mes pressentiments, elle s’attachera de préférence aux chevaux, aux voitures, et à toutes les niaiseries du sport.

La chasse est déjà en grand honneur aux environs de la Canebière. C’est plaisir d’entendre les Marseillais railler eux-mêmes leur passion pour cet exercice bruyant. Ils y font, en effet, plus de bruit que de besogne, car le gibier est presque introuvable dans le pays. Tel chasseur s’est mis en campagne avec des guêtres de sept lieues, qui rapporte une alouette à la maison. Tout château, toute villa, toute bastide, et jusqu’au plus modeste cabanon est flanqué d’un poste aux grives. Le poste est un cabinet de feuillage entouré de perchoirs qui attendent l’oiseau. Malheur à la pauvre bête qui se fourvoie dans le département des Bouches-du-Rhône ! Tous les arbres où elle essaye de se poser la mettent sous le feu d’un ennemi. Elle fuit d’un poste à l’autre au milieu du plomb, du bruit et de la fumée jusqu’à ce qu’elle tombe morte ; et cent chasseurs arrivent à l’hallali pour se disputer la proie. Faute de grives, on tue les merles ; faute de merles, les moineaux ; faute de moineaux, les hirondelles. Une hirondelle, dit-on, se vend quatre sous au marché. La campagne est dépeuplée d’oiseaux, car les tirailleurs marseillais ont un coup d’œil infaillible. Si, dans le calme profond d’une nuit de printemps, le rossi-