Page:About - Rome contemporaine.djvu/28

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gnol élevait imprudemment sa belle voix limpide, les chasseurs se mettraient bientôt en campagne, et ils ne le manqueraient pas.


Je n’ai pas assisté à ces chasses invraisemblables, et je redis là-dessus ce que mes amis de Marseille m’ont conté. Mais j’ai vu de mes yeux les Marseillais au théâtre, et c’est toujours un spectacle intéressant. Ils aiment sincèrement la musique comme tous les peuples du Midi : on ne m’ôtera pas de l’esprit qu’il entre un peu d’affectation dans le dilettantisme du Nord. Les Marseillais aiment donc la musique et ils vont à l’Opéra pour autre chose que pour dire : « J’y suis allé. » Sont-ils grands connaisseurs ? je n’en jurerais pas. Y a-t-il vraiment quelque public qui s’y connaisse ? J’ai entendu hier soir un parterre italien applaudir les chanteurs toutes les fois qu’ils criaient trop haut ; le même phénomène se produit souvent à Marseille. On y fait un joli triomphe au talent pur et classique de Mme Caroline Duprez ; mais lorsque M. Armandi est en voix, c’est bien autre chose ! M. Armandi est un ténor plus que médiocre ; nous l’avons vu faire naufrage à l’Opéra dans le rôle de Robert. Il s’est échoué à Marseille, et là, pour la bagatelle de cinq mille francs par mois, il excite alternativement l’enthousiasme et la fureur du public. On le siffle et on l’applaudit dans le même morceau ; on lui jette des pommes et des bouquets, on l’élève aux nues et l’on menace de le noyer dans le port. La devise de ce public devrait être : « À outrance ! »

On lui sert des drames et des vaudevilles dans une salle