Page:About - Rome contemporaine.djvu/282

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M. de Tournon nous raconte que, de son temps les Romains enterraient les morts dans un simple linceul. On économisait ainsi : quatre planches de sapin.

Cette coutume s’est elle conservée à Rome ; je ne sais. Quelques personnes m’assurent que non, mais il m’est difficile de les croire. Les silos de Saint-Laurent et l’emploi de la chaux vive s’accorderaient mal avec l’usage du cercueil.

Ce que je puis affirmer, c’est qu’à Bologne les pauvres sont enterrés sans bière, dans un fossé que le jardinier ouvre avec la bêche, comme pour planter des pommes de terre. C’est le jardinier, ou fossoyeur de cet admirable campo santo qui me l’a dit.


On voit à Rome, aux environs de la pyramide de Cestius et à deux pas de la poudrière, un champ de repos ombragé de quelques arbres et orné de quelques fleurs. C’est le cimetière des acatholiques. Les Romains appellent ainsi, par un effort de tolérance, les étrangers hérétiques ou schismatiques que l’Église damne, mais que le gouvernement n’ose pas mettre à la porte. Les Russes, les Anglais, les Allemands de l’Allemagne pensante reposent côte à côte dans cette douce et mélancolique retraite. Il y a là bien des artistes qui étaient venus chercher à Rome le talent et la gloire et qui n’y ont trouvé que la fièvre. Presque toutes les inscriptions répètent cette formule pleine de tristesse : Ici repose loin de sa patrie… Presque tous ceux qui dorment là ont pu dire en mourant,