Page:About - Rome contemporaine.djvu/281

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veut pas non plus qu’on entretienne sous chaque église un foyer de pestilence. Mais ici les abus ont plus d’autorité que les lois. Il est défendu d’enterrer les gens moins de vingt-quatre heures après leur mort : j’ai vu de mes yeux porter en terre deux personnes qui avaient rendu l’âme dans la journée. Il est défendu d’enterrer dans les églises : je puis certifier que dans la petite ville de Forli, entre 1830 et 1858, cette loi a été violée mille quatre cent trente-cinq fois. J’ai relevé le chiffre moi-même sur les registres officiels.

Le clergé romain est intéressé à faire un charnier de tous les temples : il fait payer une surtaxe pour violation de la loi.


Forli est une petite ville de 17 000 âmes ; Rome en compte plus de 170 000. Calculez la quantité de chair humaine qui doit s’entasser sous les églises de Rome !

Cependant nous avons construit pour les Romains le cimetière de Saint-Laurent hors les murs. C’est un travail de 1811. Nous l’avons fait à la romaine, car il fallait bien se conformer aux habitudes du pays.

Figurez-vous une enceinte carrée, pavée et enclose de murs. Quatre cents larges dalles, disposées en quinconce, ferment quatre cents caveaux ou silos de quatre mètres cubes chacun. Tous les soirs on lève une dalle, un omnibus apporte les morts de la journée, et on les enfourne là-dedans l’un après l’autre. La chaux et les rats dévorent tout en moins d’un an, et ainsi l’on ne manque jamais de place.