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« — C’est égal, allez ; tout est fini.

« — Montre-moi ta langue : elle est magnifique !

« — J’en suis bien aise pour vous, mon bon docteur ; mais pour moi, c’est bien fini. »

« Cette consultation in extremis, donnée à un homme qui se portait bien, fut interrompue à vingt reprises par les beuglements de la famille et des amis. Il me fallut employer la force pour mettre les braillards à la porte et le malade sur son séant : il était à moitié guéri. Deux jours après, il mangeait une livre de viande ; le dimanche suivant, il se promenait dans la chambre en répétant : « Vous avez beau faire, docteur, quand un homme a reçu les sacrements, on peut dire que tout est fini. » Au bout de huit ou dix jours, il retourna tout dolent à ses oliviers et à sa vigne. L’appétit et la force lui étaient revenus. Il mangeait la pitance d’un tigre et faisait la besogne d’un bœuf. Mais il n’était pas encore bien convaincu de sa résurrection, et j’avais besoin de lui faire sentir quelques coups de poing dans les omoplates pour lui prouver que tout n’était pas fini.

« Si le malade meurt, toutes les personnes présentes crient et pleurent à la fois : c’est un devoir de bienséance. Après quoi l’on va chercher la confrérie des Âmes du Purgatoire. L’usage veut qu’on joue une petite comédie à l’arrivée de la civière. Une femme de la maison s’oppose à l’enlèvement du corps. On la raisonne, on la persuade, et elle laisse faire. Quelquefois le corps est encore chaud, car la prescription des vingt-quatre heures n’existe que dans la loi. Les parents et les amis accompagnent le corps à l’église, où on le laisse en dépôt jusqu’à la nuit. Point de service funèbre ; pas plus qu’à Rome, et c’est tout dire.